Le tai-chi, la tête et les jambes

Cet art à la fois martial et énergétique, accessible dès l’enfance et sans limite d’âge par la suite, concourt, sans heurt, à l’épanouissement de soi sur tous les plans.
Le tai-chi est une discipline multiséculaire d’origine chinoise, formalisée par des précurseurs désireux d’allier techniques de combat et observation de la nature et du comportement animal comme source d’inspiration. À ce corpus initial se sont greffées des pratiques taoïstes destinées à consolider l’organisme. Le tout sous les auspices de la célèbre bipartition systémique du monde entre le yin et yang, un double concept bâti sur la complémentarité et l’interaction et non sur l’opposition.
« Revenir à un enracinement de soi et se réapproprier »
Par-delà cette ascendance commune, une succession d’écoles ont développé le tai-chi avec, chacune, des priorités qui leur étaient propres, en particulier, l’autodéfense ou la santé. C’est cette dernière qui prévaut au sein de la Fédération Française Sports pour Tous. Dans la plupart des clubs, un cours s’articule, le plus souvent, de la même manière. Tout d’abord, un échauffement d’une petite vingtaine de minute, par exemple à base de qi gong qui est une gymnastique traditionnelle, elle aussi chinoise, faisant la part belle à la gestion du souffle. « Cette phase est importante car elle invite à revenir à un enracinement de soi, à se réapproprier et à se reconnecter en recherchant son ancrage », insiste Aude Faisant, animatrice de tai-chi au Club Bien-être 64.
Puis vient le moment fort de la séance. En l’occurrence, l’apprentissage et l’assimilation, sur plusieurs années, d’un très long enchaînement composé de 108 mouvements dûment codifiés et qui font référence à des applications martiales que l’on explicite lors de leur enseignement. Ceux-ci sont effectué très lentement et renvoient donc à la fois à des façons de se défendre et à un rapport spécifique au bien-être. Cette sorte de kata, qui dure environ une demi-heure, est lui-même divisé en trois grandes parties respectivement intitulées la Terre, l’Homme et le Ciel.
« On développe le relâchement profond »
« C’est une excellente occasion de développer diverses qualités physiologiques comme l’équilibre, la coordination, la souplesse ou le gainage, notamment en effectuant des transferts du poids du corps, précise Aude Faisant. On va jusqu’à travailler les méridiens qui traversent le corps. Sans compter l’activité cérébrale et, en premier lieu, la mémoire. Surtout, on développe le relâchement profond pour renforcer les muscles internes et non pas seulement apparents. Cependant, on n’est pas dans la force ni dans la puissance. » Le lâcher prise et la relaxation, y compris mentale, sont tout autant essentiels. « Comme si l’on était dans une sorte de méditation en mouvement », résume Aude Faisant.
Et, une fois que l’on maîtrise de bout en bout ledit kata, on remet cent fois l’ouvrage sur le métier dans une démarche de perfectionnement et de quête intérieure sans cesse renouvelée. « Ce que l’on trouve est sans fin », sourit Aude Faisant. A l’image de la vie, cet éternel recommencement.