Le sport pour tous, à tout âge

Adapter son enseignement pour qu’il soit accessible à chacun, des plus jeunes aux seniors, est, certes, un principe fondamental. S’il est plus aisément applicable à certaines activités qu’à d’autres, il obéit à des règles de base intangibles.
« Quand je prépare mes cours, je fais en sorte d’avoir des variantes pour chaque exercice que je propose car j’ai toujours en tête les adaptations que je vais pouvoir apporter par rapport aux pratiquants, décrypte Magali Carrière, animatrice stretching postural, pilâtes, renforcement musculaire et cardio au sein de l’association M&Vous, à Dijon. Au fur et à mesure, je connais mieux mes pratiquants et je peux anticiper les adaptations d’exercice.
Je sais que certains ont des restrictions fonctionnelles dans la mesure où ils sont en proie à des problèmes articulaires ou à diverses pathologies. »
Concrètement, le contenu de l’entraînement est commun à tous mais modulable à la fois sur le plan quantitatif (faire plus ou moins de fois ce qui est demandé) que technique (ne pas effectuer totalement ou jusqu’au bout un geste trop contraignant ou l’effectuer selon une modalité moins sollicitante).
« Ne pas être l’objet d’un regard qui juge »
« L’objectif est que tous les pratiquants puissent travailler en sécurité et à leur rythme, en fonction de leurs possibilités, sans aucune gêne, ni souci du regard des autres, insiste Magali Carrière qui est membre du Comité Directeur du Comité Régional Sports pour Tous Bourgogne Franche-Comté. Le tout en conservant un esprit de groupe. Sachant que cette exigence n’empêche pas de travailler en binôme, soit avec un partenaire d’un niveau similaire, soit, même, avec quelqu’un qui, lui, n’est pas limité dans la mesure où le respect sera mutuel et réciproque. »
« Beaucoup de nos licenciés viennent dans nos Associations afin d’évoluer en confiance, sans être culpabilisés dans la mesure où ils ne sont pas l’objet d’un regard qui les juge. Je sais pertinemment que si ne je procédais pas de la sorte, tout le monde ne pourrait pas s’approprier la séance alors que l’objectif est, au contraire, de n’exclure personne. » À cela s’ajoute un suivi assez individualisé : « Pendant une heure, je me déplace pour être proche de chacun et corriger si nécessaire. C’est pour être attentive et présente pour chacun que j’évite d’avoir un nombre de pratiquants trop important. »
« À chacun de faire en fonction de ce qu’il sent, ressent et de qui il est »
Une ligne de conduite initiée clairement dès le départ. « Tous les ans, à la rentrée, je fais en sorte de proposer des exercices aménagés à plusieurs et qui obligent à intervertir les rôles, détaille Magali Carrière. Leur configuration peut changer, par exemple, en désignant une personne par son prénom et en demandant aux autres d’aller vers elle en effectuant un certain type d’effort. Et ce, toujours pour encourager la cohésion afin que les uns et les autres puissent échanger et se rencontrer, en somme, prendre leurs marques. Le but est qu’il n’y ait aucune barrière de quelque ordre que ce soit. C’est, au demeurant, le discours que je tiens en permanence. Comme ça, les liens se tissent dès le début. Et lorsqu’il y a des nouveaux arrivants, j’en fais de même. Je détourne des exercices pour mieux les intégrer. »
Le reste est affaire de bouche-à-oreille : « Les personnes qui viennent me voir savent qu’elles trouveront une approche respectueuse de leur corps et de leur rythme. Elles savent que je propose des séances adaptées pour que chacun puisse atteindre ses objectifs et progresser dans la bonne humeur” sourit Magali Carrière. «À mes yeux, cette forme de pédagogie est essentielle. C’est le cœur de notre métier. On ne peut pas être animateur et se contenter de dérouler sa séance sans tenir compte des êtres humains qui la composent, sans tenir compte de leurs spécificités. C’est le sens du sport pour tous. Il faut se renouveler, se former, réfléchir et se remettre en question sinon, on passe à côté de notre métier et des personnes que nous accompagnons dans leur démarche d’activité physique. Mes adhérents ont de treize à soixante-seize ans. Je donne donc les consignes et les différentes versions pour que chacun puisse faire en fonction de ses possibilités. Et ce n’est pas toujours une question d’âge mais aussi de condition physique générale. L’essentiel est de se faire du bien. » Objectif atteint.