Pratique sportive : sortir de sa zone de confort, mais en douceur !
Pratiquer une activité physique et sportive, c’est bien, mais en faire dans la durée, c’est mieux ! Cette philosophie (rendre accessible ET rendre durable) est très présente dans la formation des animateurs des Clubs Sports pour Tous, afin qu’ils adaptent leur séance aux capacités et aux envies des pratiquants. Un mot-clé : l’équilibre, celui qu’il faut trouver entre des exercices trop simples et d’autres trop difficiles.
La zone proximale de développement : l‘art d’agrandir sa zone de confort
Zone d’ennui et zone de confort
Ce concept a été élaboré par Lev Vygotski au début 20e siècle. Ce psychologue définit ainsi différentes étapes d’apprentissage, quelle que soit l’activité. Au début de la théorie de Vygotski, se situe la zone d’ennui, où l’on n’apprend rien de nouveau, puis très vite arrive la zone de confort : on maîtrise les gestes et les savoirs, on les réalise avec plaisir et en toute autonomie mais sans effort. « Le risque est de se lasser et d’abandonner, car le pratiquant n’est pas stimulé, analyse Arnaud Echilley, responsable du pôle Développement des Compétences. Or, c’est exactement ce que nous souhaitons éviter. À la Fédération, nous voulons rendre le sport accessible au plus grand nombre, mais aussi l’ancrer dans le temps. L’enjeu de santé et de bien-être se situe dans cette démarche. »
La zone d’apprentissage
Sortir de sa zone de confort : chacun connait l’expression mais ce n’est pas si simple, comme l’explique Arnaud : « Nous préférons la vision d’élargir sa zone de confort et il ne s’agit pas de le faire trop brutalement, sinon il y a danger d’une autre forme d’abandon : le trop difficile » Pour cela, Vygotski définit des phases intermédiaires pour s’extraire des zones d’ennui et de confort graduellement, en présentant des défis surmontables et atteignables. Dans la zone d’apprentissage, l’animateur sportif propose des exercices d’une difficulté supérieure, mais progressive. Le pratiquant est stimulé, il peut réussir et ce résultat positif lui donne envie de continuer.
Les zones d’anxiété et d’inconfort
Si, au contraire, l’animateur veut aller trop vite, la personne face à lui va se retrouver dans cette zone d’anxiété et d’inconfort. Arnaud l’a constaté, « en fixant des limites trop éloignées des capacités de la personne, celle-ci va se décourager, être agacée et frustrée, voire en colère. Et bien sûr, il y a là un autre risque d’abandon. L’apprentissage du vélo est un bon exemple : l’enfant s’exerce d’abord avec deux petites roues à l’arrière. À un moment, le parent ou l’animateur doit lui proposer d’enlever les petites roues, qui sont bien confortables, et proposer un nouveau palier intermédiaire : il ne va pas lâcher ce jeune néo-pratiquant tout de suite, il va l’accompagner sans les roulettes en le tenant par exemple. Grâce à cette phase d’apprentissage progressive, le petit sera en confiance, de façon à pouvoir pédaler très vite en toute autonomie. Les émotions sont au cœur de ces apprentissages et l’analyse du ressenti des pratiquants est une précieuse aide »
Simplifier / complexifier les séances sportives
Identifier les freins et les craintes pour mieux s’adapter
Lorsqu’ils préparent leur diplôme d’animateur bénévole ou de CQP ALS, les animateurs Sports pour Tous sont formés à identifier les freins et les craintes, de manière à adapter en permanence leur contenu pédagogique aux différents publics. Ils utilisent pour cela des grilles de séances, en incluant dans leur déroulé des trames de variables :
√ Les exercices sont bien réalisés, sans poser de problème majeur -> j’augmente un peu le niveau pour amener le pratiquant à progresser.
×Les pratiquants ont du mal à suivre, ils sont en difficulté -> je simplifie mes demandes pour ne pas les décourager et les inciter à poursuivre.
L’animateur a une immense boite à outils et pleins de variable à son registre : l’espace ou le temps, l’approche technique ou l’approche psycho affective. Toutes ces variables sont des curseurs de simplification ou complexification.
« Dans nos Clubs Sports pour Tous, nous avons la volonté d’accueillir des enfants, des jeunes, des adultes, des personnes en situation de handicap, des seniors, pour permettre à chacun d’avoir accès à la pratique sportive et la rendre durable, rappelle Arnaud. Nos animateurs sont donc habitués à cette diversité, ils savent repérer ce qui est acquis et non acquis, et grâce à leur formation et leurs habilités pédagogiques, ils mettent en place ces fameuses variables d’ajustement, pour prévoir des mouvements ou exercices de substitution, avec une complexité graduelle. » Cet équilibre aide chacun à agrandir sa zone de confort, pour aller vers un apprentissage motivant et durable.
Un dicton évoque qu’il vaut mieux apprendre à pécher que de donner un poisson et, peut-être même d’aimer la mer.
Dans le sport, c’est pareil. L’enjeu est d’aimer la glisse avec l’eau et la relation à la mer ou à l’océan.
