Sport et cancer, quels bienfaits ?
Il est prouvé que la pratique sportive joue un rôle positif dans la prévention de certaines pathologies, mais également pendant le traitement et la maladie.
Comme le fait très justement remarquer Julien Grignon, Responsable des projets Sport Santé Bien-Être au sein de la Fédération Française Sports pour Tous, « Il n’existe pas de sport “anti-cancer”. En revanche, nous disposons d’études montrant que le sport est un élément important dans la prévention, car il participe à la lutte contre le surpoids et l’obésité. Or, ce sont deux facteurs souvent identifiés comme des facteurs de risques majeurs pour l’apparition de cancer. On sait aussi que la masse graisseuse diminue la sécrétion de certaines hormones, capables notamment de protéger contre les cellules cancéreuses. »
Les chiffres sont éloquents : pratiquer un sport ou une activité physique de façon régulière, soit environ 5 fois par semaine à raison de 30 minutes par jour, réduit les risques de :
- 24 % pour le cancer du côlon,
- 25 % pour le cancer du sein,
- 20 % pour le cancer des poumons.
Mais ces bonnes habitudes n’évitent pas toujours la maladie. Suivent alors des périodes, plus ou moins longues et pénibles, de traitements, de convalescence. Après ces phases aigües, le patient a parfois du mal à reprendre des activités sociales. C’est à ce moment-là que le sport peut l’aider.
Reprendre confiance en soi
Après des séances de chimiothérapies ou de rayons, la personne malade est souvent épuisée. Cette fatigue l’empêche d’envisager de bouger, de sortir, de se confronter au regard des autres. Pourtant, l’activité physique va influer de manière bénéfique sur le mental, et c’est une dimension essentielle dans le processus de guérison : pousser la porte d’un club sportif, c’est retisser des liens sociaux, retrouver de la confiance en soi et un état d’esprit plus positif en remettant son corps en mouvement.
« La personne souffrante n’a pas à avoir peur de l’accueil qui lui sera fait car nos Clubs sont habitués à accueillir tous types de publics. Le mieux est d’en parler à l’animateur, qui adaptera son approche pédagogique et les exercices. Nous ne sommes pas dans la compétition, mais dans la recherche de bien-être pour chacun, au sein d’une relation de confiance entre l’animateur sportif et le pratiquant. »
Un exemple inspirant de sport après cancer : les Dragon ladies
La confiance, c’est justement ce qui anime les 20 rameuses qui frappent l’eau de la Meuse en cadence ce matin-là. Malgré le froid piquant de l’hiver, elles font avancer leur embarcation, résolues et déterminées. « Ce sont des guerrières », affirme Annie Cerbelle. Cette infirmière sportive fut autrefois Présidente du Club Charleville-Mézières Canoë-Kayak ; elle en est actuellement la trésorière. Opérée d’un mélanome au bras droit il y a 14 ans, elle a beaucoup souffert de ne plus pouvoir s’adonner à ses sports habituels. Le canoë fut sa bouée de sauvetage et l’amena à fonder les Dragons ladies. « La pratique du Dragon boat, venue du Canada, arrivait en Europe à ce moment-là, orientée vers les femmes ayant un cancer du sein. Au sein du Club de canoë de Charleville-Mézières, affilié à la Fédération Française Sports pour Tous et signataire de la Charte Club Sports Santé Bien-Être, nous proposons à un groupe de 20 à 30 femmes de s’entrainer ensemble tous les 15 jours. Pour toutes, c’est un tremplin bienvenu après la maladie. »
Sur l’eau, le spectacle est impressionnant : pendant plus d’une heure, les 20 rameuses manient les pagaies au rythme donné par le batteur avec son tambour. Un barreur complète l’équipage, avec la lourde charge de diriger l’embarcation. Le Club a investi dans ce bateau à tête de dragon, qui symbolise la force, en faisant même construire une remorque sur-mesure pour le transporter près du fleuve.
Le groupe, soutien indéfectible pour surmonter la maladie
Chez les Dragon ladies, la solidarité est une évidence. « Si l’une d’entre elles est trop fatiguée pour ramer, à cause des traitements ou d’une rechute, elle monte à bord et nous la promenons. Si elle peut, elle fait le tambour, qui sollicite moins les bras. » Depuis toutes ces années, Annie Cerbelle mesure les impacts bénéfiques du groupe : intégrer cette communauté influe très positivement sur le moral des patientes. « Au fil des semaines, je vois qu’elles se redressent, retrouvent de l’allure et du tonus musculaire. Ce sont souvent des jeunes femmes avec des enfants, elles ont beaucoup de points communs. Au bout d’un moment, elles enlèvent le foulard de leur tête, se maquillent à nouveau et osent des décolletés malgré les opérations. »
Parfois, l’une d’elles ne survit pas à la maladie. Alors, pour l’accompagner dans son dernier voyage, les Dragon ladies s’habillent en rose et posent une étoile dorée sur la coque du bateau. Puis elles repartent à l’assaut des flots, reconnaissantes pour ces moments sportifs vécus en commun, qui les aident à avancer et à traverser les épreuves.