Notre vision

Le sport, vecteur d’inclusion

26 Mars 2025 - Temps de lecture : 3 minutes
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Pour un certain nombre de personnes, pratiquer une activité physique semble inaccessible. Pourtant, il ne s’agit pas de battre des records, mais simplement de se mettre en mouvement, selon sa condition et ses capacités. Et de trouver dans cette dynamique une source de bienfait. 

Intégration ou inclusion ? 

Le glissement sémantique est apparu dans les années 2000, et la loi de 2005 sur le handicap a largement participé à installer la notion d’inclusion, là où, auparavant, la société parlait d’intégration. Stéphanie Merle, Directrice Technique Nationale de la Fédération Française Sports pour Tous, revient sur ces notions : «Ce sont deux approches différentes, qui montrent une évolution sociétale importante. Lorsqu’on évoque l’intégration, c’est la personne “non conforme” ou mise à l’écart qui doit s’adapter au contexte et faire des efforts en ce sens. L’inclusion estime au contraire que tout le monde est dans la norme. Partant de ce postulat, c’est au groupe et à l’environnement de s’adapter, pas l’inverse ! Inclure, c’est accepter l’autre en valorisant ses singularités. » 

Comme le souligne Stéphanie, l’idée que chaque citoyen puisse participer pleinement à la vie de la société, selon un principe démocratique d’égalité, rejoint la philosophie fondatrice de la Fédération Française Sports pour tous. « Dans notre ADN, il y a la volonté de promouvoir l’accès à la pratique sportive pour chaque personne, quelles que soient sa condition physique et sa situation. D’autant que l’approche inclusive se concentre sur les besoins de l’individu, et non pas sur ses caractéristiques. Nous répondons parfaitement à cet objectif en réservant un accueil personnalisé à chacun. Nos animateurs sont formés pour proposer des programmes graduels, adaptés aux capacités des licenciés. » 

Le sport, ce n’est pas fait pour moi

Pousser la porte d’un club sportif est bien souvent perçu comme mission impossible, pour différentes raisons : maladie, obésité ou condition physique dégradée, handicap, fracture sociale généralement liée à une fracture économique, environnement familial éloigné de la pratique physique, etc. Ces freins sont le quotidien d’Angélina Nourrisson, éducatrice sportive et référente Sport Santé de l’Association Scoope à Saumur (49). Cette Association, affiliée Sports pour Tous, mène un travail de prévention de la délinquance depuis plus de 30 ans. Elle accueille chaque année plus de 600 jeunes issus de quartiers prioritaires ou du monde rural.  

Un programme concerne les plus de 18 ans : le projet Inclusion sociale par l’activité physique s’adresse à des adultes en grande précarité, ou fragilisés par une déficience. « Toute la semaine, nous proposons des cours spécifiques pour différents publics, avec un dispositif de licence sociale à 15 euros par an. Les bénéficiaires, 80 en moyenne chaque année, sont le plus souvent envoyés par des organismes sociaux, et doivent justifier d’une recherche d’emploi. » 

Mardi, c’est apprentissage vélo pour rendre leur mobilité à des femmes ; mercredi soir, fit danse en salle avec navette à l’aller et au retour car il n’y a plus de bus en soirée. Le vendredi matin, place à l’activité physique adaptée (APA), quand l’après-midi, certains tentent le cours de musculation et de renforcement. 

Des séances qui redonnent confiance en soi

Quelle est la bonne méthode pour inciter ces personnes fragilisées à se remettre en mouvement ? Pour Angélina, cette étape passe par « la mise en confiance, l’accueil avec le sourire et le fait de toujours proposer des alternatives aux exercices.» En cela, Angélina et ses collègues de Scoope appliquent parfaitement l’esprit d’une démarche intégrative : s’adapter à la situation de la personne en face. « Le plus dur est souvent pour eux de sortir de chez eux et d’aller vers les autres. Alors, dans certains cas, les travailleurs sociaux accompagnent les bénéficiaires pour leur premier cours et c’est indispensable. Parfois, ils ne savent pas se repérer pour trouver le club de sport, ils n’ont pas de téléphone avec GPS, ce sont des montagnes trop hautes à franchir. Puis ils se retrouvent avec des personnes comme eux, qui ont les mêmes difficultés et se sentent plus à l’aise.  La séance sportive a pour effet de rompre leur isolement et de retrouver du lien social.» 

Le dépassement vient au fur et à mesure, au rythme des progrès apparents. « Au début, certains n’arrivent pas à s’accroupir pour lacer leurs chaussures. En fin de saison, ils posent les mains au sol, constate Angelina. Plusieurs d’entre eux m’ont dit que le sport les avait aidés à s’en sortir dans la vie, à reprendre confiance en eux pour aller chercher du travail. » Au point que l’Association Scoope organise désormais des cours de musculation le samedi matin à destination de ceux qui ont retrouvé un emploi… mais souhaitent continuer à entretenir leur forme ! 

 

Auteurs
Stéphanie MERLE
Directrice Technique Nationale
Angélina NOURRISSON
Animatrice Sports pour Tous
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