Et si vous appreniez à nager ?
Mais oui, rien n’est perdu ! Il existe des techniques pour surmonter votre appréhension de l’eau ou vos complexes quels que soient votre âge et votre condition physique. Même si vous ne traverserez sans doute pas la piscine en crawl rapidement, la lecture de cet article vous incitera peut-être à vous jeter à l’eau… avec douceur.
Un français sur sept ne sait pas nager
Une étude de Santé publique France montre « que plus d’un Français sur sept déclare ne pas savoir nager. » Nous sommes donc plusieurs milliers à être potentiellement très exposés à un risque de noyade. Puisque l’été est là, qu’il fait chaud et que ce serait quand même bien agréable de profiter des plaisirs de la baignade. Nous vous proposons de découvrir comment Marlène Cartaud, éducatrice sportive au Club Dynamixt de Nantes (44), accompagne des adultes dans leur phobie du milieu aquatique. Un processus progressif d’apprentissage de la natation à découvrir.
Natation : Des stages pour apprendre à se sentir bien dans l’eau
Marlène, quel public initiez-vous lors de ces stages de natation ?
Ce sont des adultes en situation de précarité, qui viennent à la piscine de la petite Amazonie. La ville de Nantes nous la met à disposition gratuitement 1 h par semaine pour ces stages, qui ont lieu 6 fois par an. Ils s’inscrivent dans le cadre d’un projet d’inclusion porté par le Comité Régional Sports pour Tous Pays-de-la-Loire. Ces adultes bénéficient de la licence sociale fédérale, à 14 € par an. Chaque participant reçoit 2 entrées gratuites pour cette piscine à l’issue de ces stages.
Ont-ils peur de l’eau ?
Oui, ils ont tous un rapport au milieu aquatique très compliqué. Mon but est donc de leur montrer qu’ils sont capables de bouger dans l’eau et surtout d’y trouver du plaisir. Je limite le nombre de participants à 10, pour bien m’occuper d’eux.
Quel est votre point de départ pour installer la confiance ?
Nous entrons dans le petit bain, qui nous est réservé, immergés jusqu’aux genoux. C’est progressif, car il y a des marches et une pente douce. Ils sont en position verticale, s’agrippent au bord et petit à petit, parviennent à mettre la bouche et le nez sous l’eau. Puis nous essayons de nous tenir en position horizontale d’étoile de mer ! À partir de là, on peut lâcher le bras droit puis le gauche, ramener les genoux, souffler sous l’eau… puis flotter et nous déplacer dans le bassin avec des frites sous les bras.
Lors de la 2e séance, je les invite à faire la fusée. Il s’agit de se laisser glisser, bras tendus et visage dans l’eau. En général, ils y parviennent tous. Quand arrive la 3e journée, ils font l’étoile de mer sur le dos en binôme, avec un autre participant qui tient leur tête.
Chaque mouvement est une victoire ?
Exactement. Rien que de perdre ses appuis plantaires et d’être capable de s’allonger dans l’eau, de travailler son souffle en alternant poumons vides et pleins, c’est énorme ! Comme ces stages sont assez courts, on ne vise pas l’apprentissage de la natation, mais plutôt le fait de vaincre son aquaphobie.
En tant que maître-nageuse, accueillez-vous pendant l’année d’autres adultes qui veulent apprendre à nager ?
Bien sûr, ce sont souvent des grands-parents frustrés parce qu’ils aimeraient s’amuser dans l’eau avec leurs petits-enfants, ou des parents qui souhaitent assurer la sécurité de leur enfant en cas d’accident. Ils prennent des cours de natation pendant plusieurs mois et en fin de saison, parviennent à parcourir 25 m dans le grand bain, sans avoir pied. Même si nous abordons toutes les nages, sauf le papillon, je privilégie la brasse qui est plus simple que le crawl. Je les admire, car ce sont en général des personnes qui ont eu un traumatisme avec le milieu aquatique, et qui font l’effort de venir.
Avec les enfants, est-ce plus facile ou difficile ?
Souvent plus facile parce qu’il n’y a pas de traumas, ou qu’ils sont moins installés, même si certains souffrent d’otites à répétition ou portent des diabolos dans les oreilles. Je les amène dans la piscine sans brassards et je passe par le jeu pour les rassurer. De toute manière, que ce soit des seniors ou des jeunes, l’objectif n’est pas de leur faire enchaîner les longueurs, mais qu’ils vivent de bons moments dans l’eau, en évitant la panique, en apprenant à respirer en dosant le souffle, en leur montrant qu’ils ne coulent pas et qu’ils sont capables de se déplacer en immersion. Cette confiance répond à une règle simple : plus on est détendu, mieux on flotte !