Troubles psychiques, santé mentale et pratique sportive : comment s’y prendre ?

La Fédération Française Sports pour Tous s’est pleinement emparée de la santé mentale, déclarée Grande Cause Nationale 2025. Mode d’emploi pour savoir comment s’adresser au mieux à ce type de public.
Apprendre à accueillir ces publics
Tout d’abord, un rappel qui est loin d’être un détail : être atteint de troubles psychiques ne signifie pas être déficient mentalement. Ceux-ci sont, en outre, divers : dépression, anxiété, bipolarité, schizophrénie, envies suicidaires, addictions…
Prendre en compte tout les aspects médicamenteux
Le premier préalable est la délivrance d’un certificat médical d’aptitude à la pratique sportive. Non seulement au regard des capacités intrinsèques du patient mais aussi parce que certains médicaments sont susceptibles d’avoir un impact sur l’organisme et, par exemple, provoquer des troubles de l’équilibre.
Accueil spécifique ou plus classique
Par ailleurs, précise Julie Gustin, chargée de mission sport-santé au sein du Comité Régional Sports pour Tous Grand Est, « la démarche est différente selon le stade de la pathologie et le fait que la personne soit ou non stabilisée par un traitement ». Si ce n’est pas le cas et/ou qu’il y a un risque de violence envers les autres, les séances ont lieu, avec un nombre réduit de participants, dans une structure d’accueil spécialisée et/ou en présence d’éducateurs qui sont là pour empêcher tout incident. Mais il est également possible que les intéressés, a fortiori lorsqu’ils sont stabilisés et donc accompagnés médicalement, suivent des cours dans un Club classique avec des comparses qui ne sont pas au courant de la pathologie.
« L’adaptation et la bienveillance en règles d’or »
D’ailleurs, est-il recommandé de dire de quoi on souffre ? Pas forcément. Pourquoi ? « Parce que les mots peuvent faire peur quand on ne sait pas de quoi il en retourne exactement, justifie Julie Gustin. Si l’on décide d’en informer les autres, il est impératif de vraiment bien expliquer et de mettre des notions précises derrière les mots. Il y a des gens bipolaires ou schizophrènes qui sont traités pour cela et qui vivent avec depuis des années sans que cela ne se voit pour les tiers. »
L’écoute comme principal outil
Quid de la meilleure manière d’animer ? « On fait… comme on peut car ce n’est pas toujours évident », résume Julie Gustin. Cependant, même si l’adaptabilité de l’enseignement est la règle d’or, elle n’empêche pas certains fondamentaux : « Il faut avoir une posture bienveillante et sans jugement, être dans une écoute active qui conduit à reformuler les propos avec les participants afin de bien comprendre ce qu’ils expriment. Et, surtout, on va à leur rythme. Dans un premier temps au moins, il n’y a pas d’objectif de résultat dans la pratique. Si la personne a envie, il est alors possible d’aller plus loin. »
Sachant que, le plus souvent, elle ne peut avoir une attention très prolongée. Il importe donc que « les exercices varient et soient à la fois plutôt simples et ludiques, détaille Julie Gustin. Pour autant et paradoxalement, il faut une certaine régularité qui se matérialise par la répétition de certains mouvements au fil des séances. » Lesquelles doivent, a minima, être hebdomadaires, voire plus si possible. Elles durent, en général, entre une heure et une heure et demie avec une pause au milieu. La règle d’or est une certaine liberté. Ce qui signifie que si l’on se sent moins bien tel ou tel jour, on peut très bien s’arrêter quand on le souhaite ou s’accorder un moment de récupération prolongé avant de reprendre son effort.
« Le sport est un outil thérapeutique à part entière »
En somme, insiste Julie Gustin, « le seul objectif est le mieux-être et de bénéficier des bienfaits de l’activité physique sur le corps et l’esprit. Le sport est un outil thérapeutique à part entière. Encore plus pour ce public, il réduit le stress, améliore le sommeil et, ce qui est extrêmement important, il redonne de l’estime de soi tout en créant du lien social. »
Se former en santé mentale pour mieux encadrer
Toujours est-il qu’il est intéressant, pour un encadrant, de se perfectionner en suivant la Formation Continue Premiers secours en santé mentale proposée par la Fédération. L’occasion d’aborder plusieurs items incontournables : « introduction à la santé mentale et aux interventions » ; « le plan d’action pour la dépression » ; « les troubles anxieux et le plan d’action associé » ; « les troubles psychotiques et le plan d’action associé » ; « l’utilisation de substances et le plan d’action ».
Ce cursus est précieux pour être plus pertinent dans la manière d’encadrer ces publics. « C’est d’abord l’opportunité de casser les préjugés sur les maladies psychiques et les appréhensions que l’on peut en avoir par méconnaissance, affirme Julie Gustin. Sachant que leur prise en charge spécifique s’effectue fréquemment en réseau, ce qui permet de s’appuyer sur des associations spécialisées quand on ne se sent pas capable de tout assumer tout seul. »